Liaison avec la biodiversité

La gestion des forêts dans les milieux tempérés que nous connaissons se focalise principalement sur deux enjeux prioritaires : la production de bois et la conservation de la biodiversité. Bien qu’opposés par nature, ces objectifs sont incontournables. Il convient donc de trouver un compromis de gestion, une stratégie d’équilibre allant dans le sens de la recommandation du Grenelle de l’Environnement, « produire plus tout en préservant mieux ».

Qu'est-ce que la biodiversité ?

La biodiversité, ou diversité biologique, fait référence à la diversité des espèces vivantes et de leurs caractères génétiques. Plus de 10 millions d’espèces différentes d’animaux, de plantes, de champignons et de micro-organismes habitent la Terre. Chaque individu possède ses caractéristiques particulières, et évolue dans un environnement spécifique lui offrant une variété de ressources nécessaires à sa prolifération, son développement, sa survie. Cet environnement est composé d’autres individus, végétaux ou animaux, soumis aux mêmes conditions de ressources. Chaque élément prélève et fournit de la matière à ce milieu, créant un système écologique complexe nommé écosystème. La richesse de celui-ci dépend essentiellement de ses conditions physiques, géographiques et climatiques.

Il est important de noter que plus qu’un catalogue d’espèces, la biodiversité est le tissu vivant de la Terre, et que cette structure importe autant sinon plus que sa seule composition. Plus celle-ci est complexe, plus la biodiversité y est grande, et riche.

La forêt, une structure complexe à la biodiversité inégalée

Les forêts comptent parmi les écosystèmes les plus denses au monde, et regroupent environ 80% des espèces terrestres, végétales et animales confondues. À l’intérieur d’une même forêt, on retrouve plusieurs niveaux d’habitats différents, sortes d’étages dans la structure globale de la forêt, chacun ayant son propre environnement, sa propre complexité.

La structure végétale forestière peut être classée selon quatre grands types de strates. Bien que n’apparaissant pas dans les classifications habituelles, le sol est une strate à part entière, ayant un rôle particulièrement important pour l’installation des strates supérieures.

La strate muscinale (0 à 5cm)

Elle est composée de bryophytes (mousses et hépatiques), de lichens, de diverses plantes à port nain, et de champignons. Relativement peu étudiées, les espèces végétales y sont très variées, et accueillent une microfaune qui l’est tout autant. Elle est très dépendante de la canopée qui lui confère ombrage et humidité, et de matières nécessaires à sa régénération (bois morts, …).

La strate arbustive (1 à 8m)

Elle comprend soit les végétaux ligneux qui ne dépassent guère cette hauteur (houx, cornouillers, buis, etc.), soit les jeunes arbres. Elle revêt une importance toute particulière pour de nombreux oiseaux et mammifères, pour lesquels elle fournit abris et nourriture. Une canopée ouverte est favorable à son développement.

La strate herbacée (5 à 80cm)

Elle est dominée par les végétaux herbacés (poacées, cypéracées, plantes à fleurs, …) ainsi que par de petits ligneux (bruyères, airelles ou myrtilles, rhododendrons, …). ; le nombre d’espèces de cette strate est beaucoup plus important que le nombre d’arbres et d ‘arbustes qui la dominent.

Treetops of Dense Tropical Rainforest With Morning Fog Located Near The Malaysia-Kalimantan Border

La strate arborée (au-delà de 8m)

Les arbres adultes appartiennent à la strate arborescente ou arborée. Une distinction claire est alors faite entre le tronc et le feuillage. Supports de nombreuses espèces de la strate muscinale, les arbres accueillent nombre d’espèces d’animaux, notamment dans leurs cavités ou dans le bois mort sur pied. La diversité des essences et des âges améliore les richesses faunistique et floristique.

La richesse de la biodiversité réside dans la diversification des espaces ayant des strates de végétation plus ou moins développées. L’écosystème forestier s’en retrouve considérablement complexifié : la multiplicité des espèces végétales contribue à créer des niches écologiques pour la faune, ressources alimentaires plus variées, refuges plus nombreux, proies plus abondantes. Il acquiert de fait une plus grande résilience.

Comment protéger la biodiversité forestière?

L’un des meilleurs moyens de conserver la biodiversité forestière est de créer des zones forestières protégées. Mais ces zones doivent être d’une certaine taille, ou consister en un réseau bien conçu de zones forestières, pour permettre aux écosystèmes forestiers locaux de continuer à fonctionner efficacement.

La forêt entourant l’aire protégée doit ensuite être soigneusement gérée afin qu’elle serve de zone tampon. Ces forêts environnantes doivent également permettre aux communautés locales de gagner leur vie sans empiéter sur la forêt protégée.

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Au sein même de celle-ci, on veillera tant que possible au maintien de cette stratification végétale, par le biais d’interventions ponctuelles visant à conserver l’équilibre des strates, renforçant les plus faibles et protégeant les autres. Puisque l’activité humaine existe dans la quasi-totalité des forêts du globe, l’équilibre que la forêt créait d’elle-même est systématiquement altéré, raison pour laquelle nous devons procéder à des interventions ayant pour but de compenser notre présence.